Fake news
Reconnaître et désamorcer la désinformation
Les fake news (aussi appelées infox ou fausses informations) et la désinformation sur le changement climatique créent de la confusion et ébranlent la confiance dans le gouvernement, les médias et la science. Quelle est la sévérité de cette menace ? Quels en sont les moteurs ? Quel rôle jouent les médias sociaux et la polarisation ? Et quelle attitude devez-vous adopter ? Nous répondons à ces questions.
Quelle menace la désinformation représente-t-elle pour l’action climatique ?
Selon la Commission européenne, la désinformation peut être définie ainsi : « informations dont on peut vérifier qu'elles sont fausses ou trompeuses, qui sont créées, présentées et diffusées dans un but lucratif ou dans l'intention délibérée de tromper le public et qui sont susceptibles de causer un préjudice public ». Lorsqu’un citoyen ayant de bonnes intentions partagent des fake news sur les réseaux sociaux, on parle alors de mésinformation.
L’information erronée continue alors à circuler, même après avoir été rectifiée. Distinguer la réalité de la fiction est une tâche de plus en plus complexe, dans la mesure où les disséminateurs de fake news revendiquent leur autorité avec une rhétorique basée sur des données « révisées par des pairs » ou « scientifiquement prouvées ». Lorsque ces arguments font surface dans le débat climatique politique et social, les fake news peuvent influencer notre façon de penser ainsi que notre comportement.
La désinformation met à mal la confiance dans nos institutions, notre journalistique et nos sciences. Une fois la confusion semée, notre perception commune sur les faits et les solutions climatiques s'effrite, ce qui complique l’action climatique.
À quoi ressemble la désinformation ?
La désinformation sur le changement climatique apparaît sous cinq formes de fausses informations : (1) le changement climatique n’est pas une réalité, (2) l’homme n’en est pas à l’origine, (3) les conséquences ne sont pas graves, (4) la science et les scientifiques du climat ne sont pas fiables et (5) les solutions pour le climat ne fonctionnent pas. Des études montrent que les opposants à l'action climatique ont tendance à passer stratégiquement du déni pur et simple des questions climatiques à la désinformation visant les solutions climatiques afin de retarder l'action climatique. Prêtez donc une attention particulière aux cadres subtils de retardement qui préconisent l'absence d'action ou une action minimale, l'action par les autres ou la promotion d'une action alternative.
La désinformation est souvent imprégnée d'un langage émotionnel. Elle est conçue pour attirer l'attention et persuader, ce qui en facilite la diffusion et en accroît l'impact.
Le fait de poser des questions soi-disant critiques et de faire ainsi allusion à des mensonges ou à des théories du complot est également une tactique courante. Les individus qui ne vont pas au-delà de la question « Le GIEC est-il réellement indépendant ? » retiennent surtout l'insinuation formulée.
Comment faire face à la désinformation ?
Vous pouvez choisir de rendre les individus résilients avant qu'ils n'entrent en contact avec elle (on parle ici de « prebunking ») ou de démystifier les informations erronées après que les individus ont été en contact avec elles (« debunking »).
Le simple fait d'informer les individus qu’une information est erronée ne contribue pas à neutraliser la désinformation. Le debunking n'est efficace que lorsque vous réfutez en détail les raisons pour lesquelles il apparaît clairement que l'information est fausse, et que vous présentez ce qui est vrai. La vérification des faits est certes utile, mais elle n'est pas suffisante. Le « travail manuel » intensif ne peut pas rivaliser avec les algorithmes qui font en sorte que la compétence de l'information à être partagée soit plus importante que sa véracité. D'ailleurs, les vérifications des faits par les grands médias ne touchent pas les personnes qui s'en détournent.
Le prebunking consiste à avertir les individus du danger à l'avance. Les individus sont en effet sensibles aux menaces. Par exemple, vous pouvez indiquer de faire attention aux messages qui remettent en question le consensus scientifique sur le changement climatique. Tout de suite après, vous réfutez de manière préventive les mensonges, les tactiques ou les sources. Mieux vaut prévenir que guérir. Le principe s'applique également à la désinformation.
Quel rôle jouent les médias sociaux dans la propagation de la désinformation ?
La désinformation a toujours existé. Plus l'incertitude politico-économique et la méfiance à l'égard des institutions et des médias sont grandes, plus les fake news prennent de l'ampleur. Le changement climatique nous affectant tous, les divergences et la polarisation augmentent également. Les médias sociaux facilitent grandement le jeu des « Marchands de doute », car ils permettent d'impliquer efficacement les citoyens ordinaires dans la diffusion organique de leur message.
Les fausses informations se répandent très rapidement, principalement grâce à l'effet viral auto-renforçant des médias sociaux. Les individus sont plus enclins à partager des messages ou à y répondre s'ils proviennent de personnes en qui ils ont confiance et s'ils suscitent une émotion. Les algorithmes veillent à ce que vous voyiez toujours des messages similaires. Le modèle de revenus des plateformes de médias sociaux repose sur la maximisation de l'engagement des utilisateurs, et non sur la diffusion d'informations exactes. Les contenus sensationnels et polarisants suscitent plus de réactions, et donc plus de revenus.
Comment la désinformation et la polarisation climatique se renforcent-elles mutuellement ?
La polarisation croissante autour de l'action climatique provoque et exacerbe la désinformation. Elle engendre des désaccords croissants sur les faits et les interprétations. Comme il y a de moins en moins de place pour une discussion nuancée, la frontière entre les opinions et les faits s'estompe également.
La désinformation s'attaque aux sources faisant autorité comme la science et le gouvernement. En utilisant l'incertitude inhérente à la science, par exemple, les individus remettent publiquement en question le consensus scientifique sur les causes du changement climatique.
Cette technique est également connue sous le nom de « gaslighting informationnel ». La pollution généralisée de l'environnement informationnel par la désinformation fait qu'il est difficile pour le public de distinguer la vérité de la fiction.
Les campagnes de désinformation orchestrées visent à renforcer la polarisation politique existante et à limiter un engagement civique plus poussé. L'utilisation de la désinformation pour diminuer la confiance dans la science et le gouvernement mine et retarde également l'action climatique.