Conseils sur les fake news
Conseil n°1 : convaincre en fournissant des informations accessibles
L'envie de convaincre ou de raconter une histoire simplifiée peut nuire à votre crédibilité. Tâchez de rendre les informations accessibles et utilisables. Vous communiquez sur le déploiement d'un réseau de chaleur, par exemple ? Une mise en page claire aide également le lecteur à suivre la séquence des étapes. Présentez les avantages et les inconvénients de cette nouvelle technologie de manière équivalente dans un tableau.
Là encore, la règle de base s'applique : mettez-vous à la place de votre public cible et anticipez les questions et les préoccupations importantes pour lui. Avec un réseau de chaleur, pourrai-je encore cuisiner au gaz naturel ? Si les individus ont l'impression que vous ignorez ou minimisez (à leurs yeux) quelque chose d'important, ils douteront de votre motivation réelle et de votre fiabilité.
Si vous ne savez pas quelque chose, dites-le. Indiquez également les mesures que vous prendrez pour le savoir et dans quel délai.
Conseil n°2 : mieux vaut prévenir que guérir
En avertissant les individus à l'avance de la menace que représente une mauvaise information, on les rend moins susceptibles d'y croire et de la partager en ligne. Les avertissements généraux tels que « les médias ne vérifient pas certains faits » rendent également les individus plus sensibles aux corrections ultérieures.
Pour savoir contre quelles fausses informations vous devez « vacciner » votre public cible, vous pouvez passer au crible ses forums publics et ses sources d'information préférées. Dans une démarche de prebunking, écrivez également en vous plaçant du point de vue de votre public cible.
Conseil n°3 : augmenter le facteur d'adhérence
La vérité est souvent plus compliquée qu'un faux slogan viral : « les entreprises fuient en masse à l'étranger à cause de l'hystérie climatique de notre gouvernement ».
Des graphiques bien conçus permettent de démentir ces affirmations. Vous pouvez réaliser une vidéo sur la manière dont l'industrie a tiré profit des droits d'émission. Un témoignage peut souligner qu'il existe encore de nombreuses raisons pour les entreprises de ne pas délocaliser, telles que l'éducation, les infrastructures disponibles, les investissements réalisés, le climat politique...
Évitez le jargon scientifique ou les termes compliqués. Mettez plutôt l'accent sur la qualité et la pertinence de vos preuves, et n'hésitez pas à faire référence à l'ensemble des données et des sources.
Les informations que vous corrigez doivent être faciles à trouver, à comprendre et à mémoriser. Enfin : répétez, répétez et répétez encore.
Conseil n°4 : choisissez votre terrain d’attaque
Le debunking et le fact-checking sont des activités nécessitant un travail intensif. Réfléchissez bien à l'affectation de vos ressources limitées. Si la fausse information n'est pas répandue ou n'est pas susceptible de causer des dommages, il n'est probablement pas utile de la démystifier. Moins on en dit sur un mythe climatique inconnu, mieux c'est.
Après tout, on ne peut pas corriger une information erronée sans en parler. Vous renforcez involontairement la familiarité mais aussi le cadre rhétorique du mythe. Au lieu de corriger le cadre de la montée en flèche des coûts climatiques, vous pouvez utiliser de nouveaux cadres tels que la protection de l'avenir, la durabilité du mode de vie actuel, la protection contre les crises ou l'instauration d'une société équitable.
Conseil n°5 : utiliser le pouvoir des médias sociaux pour démystifier
Vous pouvez utiliser l'effet viral des plateformes de médias sociaux pour mobiliser les personnes qui vous suivent en leur demandant de partager des faits exacts. Pour aller encore plus loin, vous pouvez y ajouter le message : « La plupart des individus veulent recevoir des informations exactes ».
Le silence est un consentement. Une réponse affirmative et personnelle est toujours de mise. En effet, les (ré)actions individuelles contribuent à déterminer les algorithmes (par exemple, si vous partagez un lien vers des informations correctes). Lorsque les individus voient quelqu'un d'autre être corrigé sur les médias sociaux, cela peut conduire à une plus grande hygiène de l'information.
Certains lobbies déploient des trolls sur Internet qui désinforment délibérément. Démasquez les faux profils dès qu'ils entrent dans une discussion.
Conseil n° 6 : réfuter la désinformation en 4 étapes
Le manuel de debunking illustre comment démystifier les fausses informations. Prenons l'exemple de l'affirmation erronée « L'homme n'a rien à voir avec le réchauffement climatique ».
Étape 1 : indiquez que l'affirmation est incorrecte et nommez le fait correct.
« 97 % des scientifiques s'accordent à dire que l'homme est responsable. Il existe de nombreuses preuves que les gaz à effet de serre provoquent le réchauffement : les satellites mesurent que moins de chaleur s'échappe, que la haute atmosphère se refroidit et que la basse atmosphère se réchauffe. »
Étape 2 : réfutez la désinformation, mais avertissez d'abord que la désinformation est à venir.
« Un mythe souvent répandu est que le climat a déjà changé naturellement dans le passé et qu'il doit donc en être de même aujourd'hui. »
Étape 3 : expliquez pourquoi ce prétexte est erroné.
« Cette logique revient à supposer que tout le monde meurt de mort naturelle parce que des personnes sont déjà mortes de mort naturelle dans le passé. »
Étape 4 : renforcez le fait une fois de plus.
« Les scientifiques identifient de nombreux indices dans les mesures climatiques qui confirment que l'homme est à l'origine du réchauffement de la planète. En d'autres termes, le réchauffement climatique d'origine humaine est un fait mesuré. »
Conseil n°7 : proposer des alternatives aux histoires erronées
Il ne suffit pas de dire que telle ou telle affirmation est fausse. Vous devez également les réfuter en détail, sinon les informations erronées seront toujours considérées comme valables. Pour cela, proposez une alternative factuelle. En effet, lors de la correction, il y a une lacune dans le raisonnement de cause à effet. Combler cette lacune par une alternative causale facilite l'élimination de la désinformation. Faites preuve de pertinence et ne rendez pas les choses plus complexes.
Expliquez (1) pourquoi la fausse information était considérée comme correcte, (2) pourquoi il est maintenant clair qu'elle est fausse, et (3) pourquoi l'alternative est correcte. Il est important que les individus voient l'incohérence afin de la résoudre.
Conseil n°8 : observez le monde à travers les yeux de votre groupe cible
Notre vision du monde contribue à déterminer le contenu que nous préférons intégrer. Certains groupes sont plus exposés aux sources de désinformation et moins susceptibles de recevoir des informations correctives.
Si quelqu'un pense que la politique climatique est utilisée par une « élite politique » pour mieux contrôler « le peuple », il cherchera des sources qui confirment cette théorie du complot et sera fidèle à des penseurs similaires.
Aller directement à l'encontre de cette vision du monde ne fonctionnera pas. En guise de preuve alternative, on pourrait avancer que les groupes de pression de l'industrie fossile diffusent de la désinformation pour des raisons d'intérêt personnel. Il ne faut donc jamais s'attaquer directement à la vision du monde ou à l'image de soi d'une personne, mais lui donner une excuse pour expliquer pourquoi elle a cru à des informations erronées ou n'a pas adopté certains comportements en matière de climat.
Conseil n°9 : fournir un messager fiable
Les informations provenant de sources perçues comme crédibles renforcent les croyances. La conception contribue à la crédibilité. C'est pourquoi, dans les publicités télévisées pour les dentifrices, on voit souvent une personne portant une blouse blanche. La fiabilité peut même l'emporter sur l'expertise perçue. Qui votre public cible considère-t-il comme digne de confiance et bien informé ?
Les corrections sont plus efficaces lorsque les individus se méfient de la source ou de l'intention de l'information erronée. Une bonne analogie pour discréditer les sources de désinformation est de montrer comment le lobby du tabac a continué à jeter un doute scientifique sur les effets nocifs du tabagisme. Le livre Les marchands de doute de Naomi Oreskes et Erik Conway se lit comme un plan détaillé de la manière dont les lobbyistes sapent l'action climatique aujourd'hui.
Fake news
Sur la manière d'aborder les fake news et la désinformation